Une résidence artistique axée sur la téléprésence.

Nous avons eu le plaisir d’accueillir le collectif Intact de Madrid du 12 au 23 janvier 2015.

Cette résidence a donné lieu à un travail de recherche et de mise en forme d’une installation artistique nommée Carnival.

Il s’agit également du prolongement de rendez que nous avons déjà eu avec ce collectif madrilène et qui permet d’organiser des liens avec le Media Lab du Prado :

http://medialab-prado.es/

http://medialab-prado.es/article/carnival

autour de ces questions de téléprésence qui interroge également sur les aspects de présence (corporéité, kinesthésie…) au même titre que les ateliers théâtre et téléprésence qui ont lieu également au sein du Lieu multiple en janvier 2015 (avec Julien Brun, l’eesi d’Angoulème et le Conservatoire à rayonnement régional de Poitiers)).

Un projet général: téléprésence artistique

Un des aspects généraux de ce projet de recherche et développement (culturel et artistique) est également de donner sens à cette approche téléprésence artistique autour des trois niveaux qui le déterminent :

-Outils de téléprésence et de travail du signal: maitrise de l’outil, facteurs d’appropriation, qualification et formation des équipes, équipement et dimension des lieux et modes d’organisation (logistique, hébergement, repas…)

-Contenus: création artistique, propositions culturelles, et réflexion sur les approches sociales (appropriation par des individus et des groupes de personnes). Mode de diffusion (contamination, espace public numérique, X Labs, approche du libre, créative commons, etc…)

-Usages et pratiques: comment utiliser le très haut débit avec des contenus artistiques et culturels accessibles, évolutifs, et de qualité, dans des lycées, écoles, médiathèque, lieux publics? Qu’apporte la « connection » entre projets,  lieux?  Présence et téléprésence, quel(s) espace(s) de médiation? Comment créer des conditions favorables qui autorisent ce type de pratiques en autonomie et en permettant le développement de l’esprit critique autour des usages du « numérique »? Comment favoriser l’inter-connection entre des territoires en utilisant des approches culturelles/artistiques qui puissent impliquer les publics, les citoyens, les personnes?

Il s’agit, dans ce projet, de pouvoir proposer des chemins au delà des pistes déjà établies autour de la seule économie  numérique qui puissent permettre d’investir ce champs culturel et social. Réfléchir à l’économie du savoir, aux approche de l’économie sociale et solidaire, de l’économie du partage.

Cela peut constituer des approches qualitatives en lien avec le développement du très haut débit en France dont un des objectif est de couvrir l’intégralité du territoire français d’ici 2022.

 

CARNIVAL

Système modulaire pour une téléprésence distribuée

par INTACT PROJECT

Sara Malinarich, Manuel Terán, Jaime de los Ríos, Niňo Ruiz Abánades avec la collaboration of Ricardo Sanz Ante

http://www.intact01.net

 A ce moment-là, INTACT a eu recours une fois de plus aux idées de José Val del Omar (1904-1982), en twittant des phrases célèbres de ce cinéaste-poète-inventeur, comme par exemple :

 » It is now time to understand that machines have come to extend

the horizons of man, to save you the effort with their collaboration

and attach it to an exact embrace of jagged networks without imprisoning

his soul »

 » ‘Divide and conquer’ is an abominable slogan for those, loving ,

who have come to unite, for whom we hear that great Pontiff

Prometheus »

« There is in substance a Collective Awarenesss enlightening

and drilling our miseries »

« We are nervous terminals of the collective retina »

CARNIVAL_Synopsis

synoptique technique de Carnival (source Intact projet/Sara Malinarich)

La « présence réelle » a quelque chose de singulier, unique en son genre, absolument irremplaçable. La téléprésence a bien intégré cela, et par conséquent est appelée «télé-présence».

La téléprésence n’est pas une simple présence, c’est une présence qui refuse sa propre réalité, qui reconnaît son caractère distant. Un tel déni ne minimise pas pour autant l’idée générale de « présence ».

Cette problématique montre la contradiction inhérente au concept de « télé-présence ». Son caractère utopique se lit dans cette contradiction. Ce qui est téléprésent NE PEUT PAS être présent, mais nous nous accrochons obstinément à cette utopie.

 

LE PROJET

Le système de téléprésence partagée Carnival est un système de téléprésence partagée, basé sur des dispositifs électroniques et numériques, que nous appelons modules. Carnival est la création d’un réseau de lieux interconnectés, permettant un échange de données en temps réel entre deux ou plusieurs points, et qui ouvre un passage dans le cyberespace pour l’intégration d’autres présences, d’autres interactions.

L’expérience de la téléprésence peut ainsi être distribuée et projetée en fragments dans d’autres espaces. Ce système permettra différents modes d’accès aux lieux distants et même au cyberespace. En d’autres termes, Carnival propose une déconstruction de la présence dont la projection à distance est reformulée par les spécificités du système qui la partage.

Pour ce système nous avons construit des boîtes dont chacune contient un matériel différent (webcam, micro, haut-parleur, tablette, moteurs, imprimantes et lumières), toutes sont connectées à l’Internet via un ordinateur.

Une infinité de modules peuvent être créer et se connecter et se distribuer d’une infinité de manières.

L’INSTALLATION MÉDIALAB Prado + LIEU MULTIPLE / EMF

l’invitation de « Rachael Runner »

Cette installation est un exemple de l’utilisation du système Carnival et nous invite dans l’univers conceptuel d’Intact project.

Cette œuvre traite de la dialectique fondamentale générée par la téléprésence :

la téléprésence comme utopie d’une connexion générale et permanente, pas seulement dans le champ des technologies mais aussi celui des sentiments et des émotions. L’utopie de la téléprésence apporte une réponse au drame de la distance et de l’absence. C’est la problématique de l’union face à la séparation, de l’ouvert face au fermé, de l’isolement face à la communion.

Alors pourquoi entreprendre un travail utopique ? Le moteur de la téléprésence ne peut pas être autre chose que le désir de nous rassembler, de casser le monologue des mass médias et de faciliter l’émergence spontanée de nouvelles voix, de nouvelles présences.

Nous « augmenter » pour atteindre l’ autre et laisser l’autre nous envahir. C’est également une problématique de l’être humain dans sa définition du rapport entre l’individuel et le collectif. Dans ce rapport, un être (individu, personne, citoyen…) peut rester confiné et isolé ou bien il choisit de s’ouvrir à de nouvelles formes de présence et de conscience.

Pour cette installation, nous présentons un module très particulier que nous avons baptisé

« Rachael Runner » ou encore « Twitter module ». Ce module virtuel permet, d’une part à des utilisateurs de Twitter d’envoyer des « tweets » dans le système et d’autre part à « Rachael Runner » de réagir à ces utilisateurs en leur permettant d’entrer dans une relation homme /machine. « Rachael Runner » apparaît comme une « conscience globale » qui piste les messages du « cloud », diffusant ceux contenant des concepts liés à la problématique de la téléprésence et les connectant avec d’autres modules ; ils produisent ainsi des variations dans l’installation qui symbolise la lutte des opposés. Du point de vue de l’utilisateur distant, Rachael apparaît à travers de ses réponses comme un sujet virtuel qui retransmet les messages et les concepts qui sont derrière l’oeuvre.

timelapse Intact-Carnival- Janv15 from emfccsti on Vimeo.

Posted by ptreguer