Certaines et certains d’entre vous se sont peut-être déjà interrogés sur la représentation de la couverture du catalogue de programmation du Lieu multiple de cette fin d’année 2014.
Il ne s’agit absolument pas d’une image 3D, type d’image dont l’esthétique trop souvent froide n’a jamais particulièrement intéressée l’équipe du lieu multiple. Dans le cas qui nous concerne il s’agit d’une photo retraitée par Michel et Michel (Poitiers) et dont la photo originale a été prise par Russ Garett (qui est le co-créateur du « London Hackspace »). Elle représente les Forts Maunsell situé au niveau de l’estuaire de la Tamise et de la Mersey.
Deux raisons qui ont marqué l’intérêt que nous avons eu rapidement pour une telle photo et la symbolique qu’elle dégage ; que ça soit pour la personnalité du photographe Russ Garett dont l’œil nous amène ce petit moment d’histoire en deux strates successives et le sujet à proprement parlé qui nous parle de cette envie d’indépendance et de provocation en ces temps de re-normalisation, voire de régression idéologique sur tout les fronts…
Russ Garett : http://russ.garrett.co.uk/
Ces forts qui ont été construits pendant la seconde guerre mondiale, étaient des défenses antiaériennes censées protéger le Royaume-Uni contre les invasions allemandes. Elles ont été abandonnées par l’armée à la fin des années 50. Mais, leur destinée s’est prolongée de manière assez inédite. L’une d’elles appelée Fort Roughs (qui n’est pas sur la photo) est devenue une micro-nation indépendante, dans les eaux internationales de la mer du Nord sous le nom de principauté de Sealand. Cette micro nation a une superficie de 0,00055 km2, une population de 5 habitants (densité de 9 091 hab./km2) et dotée d’une monnaie le dollar de Sealand.
L’histoire ce cette micro-nation parait suffisamment surréaliste pour que nous en retranscrivions quelques extraits issus de Wikipédia.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Principaut%C3%A9_de_Sealand
En 1966, Roy Bates, ancien major de l’armée britannique et vétéran de la Seconde Guerre mondiale, entend parler de cette plate-forme située dans les eaux internationales. Après avoir consulté avocats et spécialistes du droit maritime, il découvre que rien, apparemment, ne s’oppose à la prise de possession de la plate-forme7. Le 25 décembre 1966, à bord de son bateau de pêche et en compagnie de quelques amis, Bates aborde la plate-forme et en prend possession. L’indépendance de la principauté est proclamée le 2 septembre 1967 par le couple Bates qui s’auto-proclame souverain du Sealand.
Quelque temps plus tard, le gouvernement britannique y envoie quelques unités de marine. Selon quelques sources, les occupants des navires avaient pour but d’expulser Bates de la plate-forme tandis que, pour d’autres, il s’agissait simplement d’une tentative de réparation d’une bouée de navigation, voisine de la principauté. Quelles qu’en soient les raisons réelles, à peine entrés dans les eaux territoriales, Michael Bates fait tirer sur les intrus quelques tirs de sommation avant qu’ils ne se retirent. Accusé de détention illégale d’armes à feu, Michael est traîné en justice par le gouvernement britannique : le tribunal de l’Essex qui le jugeait alors lui donnera finalement raison le 25 novembre 1968, la Cour reconnaissant ainsi que Fort Rough se situe en dehors de sa juridiction dans les eaux internationales, admettant donc de facto la souveraineté de la principauté.
Le 25 septembre 1975, le Prince Roy Bates présente la Constitution de la Principauté de Sealand, rédigée par son Premier Ministre le professeur Alexander G. Achenbach qu’il vient tout juste de nommer à ce poste.
En 1978, le Premier ministre de Sealand, le professeur Alexander G. Achenbach ainsi que plusieurs allemands et néerlandais dirigés par Paul Trevisan ont organisé la prise du territoire par la force, en détenant le prince Michael Bates en captivité, avant de le libérer quelques jours plus tard, aux Pays-Bas7. Michael a alors fait appel à l’armée pour l’assister et a repris la forteresse de force depuis un hélicoptère d’assaut.
« Descendre d’un hélicoptère, suspendu à une corde, 30 m au-dessus de la mer et faire face à des terroristes : je n’ai plus jamais ressenti une telle montée d’adrénaline. »
— Michael Bates
La famille Bates a ensuite détenu les envahisseurs en captivité, les considérant comme des prisonniers de guerre. La plupart des participants à l’invasion ont été rapatriés à la fin du conflit, mais Achenbach, avocat allemand qui détenait, par son statut de Premier Ministre de la principauté, un passeport Sealandais, a été accusé de trahison contre sa patrie, et fut donc emprisonné indéfiniment. Les gouvernements des Pays-Bas et d’Allemagne ont alors demandé au gouvernement britannique sa libération, par le biais d’une pétition, mais le Royaume-Uni a décliné toute responsabilité, invoquant la décision de justice rendue une dizaine d’années plus tôt. L’Allemagne envoya alors un diplomate de son ambassade à Londres pour négocier la libération d’Achenbach. Après plusieurs semaines de négociations, Roy Bates finit par céder et libère l’otage, affirmant que la visite du diplomate impliquait la reconnaissance de facto de la principauté de Sealand par l’Allemagne qui n’a, pour sa part, jamais confirmé cette interprétation.
À la suite de son rapatriement, Achenbach a créé un « gouvernement en exil » en Allemagne, que le gouvernement royal appelle Rebel, en opposition avec celui de Roy Bates, assurant le rôle de Secrétaire du Conseil Privé. Ceci est vécu officiellement comme une déclaration de guerre pour le gouvernement royal de Sealand. À la démission d’Achenbach pour raisons de santé au mois d’août 1989, le Ministre pour la Coopération Économique du gouvernement rebelle Johannes Seiger en assure le contrôle en reprenant la place d’Achenbach au sein de la structure. Aujourd’hui encore, Seiger affirme représenter la seule autorité légitime du gouvernement de Sealand9.
En 1987, le Royaume-Uni décida l’extension de ses eaux territoriales à 12 milles marins, ce qui est autorisé par la législation internationale depuis 1958. Fort Roughs se trouva ainsi à l’intérieur des eaux territoriales britanniques. Le Sealand prétend avoir étendu ses propres eaux territoriales à 12 milles marins un jour avant la décision britannique, mais les doctrines juridiques du Royaume-Uni font que la plate-forme est considérée comme faisant partie du comté anglais de l’Essex10. Cependant, la politique du gouvernement britannique a semblé être de ne pas faire de commentaire à ce sujet et de ne pas agir à moins d’y être contraint. Des documents, rendus disponibles au public par une loi mettant fin à leur confidentialité après 30 ans, révèlent que le Royaume-Uni avait songé à prendre le Sealand de force, mais que cette idée fut rejetée par le Premier Ministre à cause du risque de pertes en vies humaines ainsi que celui d’un désastre juridique et médiatique.
En 1999, le souverain de la principauté, Roy Bates, a abdiqué au profit de son fils Michael qui a ainsi repris les rênes du territoire11.
En début d’après-midi le 23 juin 2006, un feu se propage sur la principauté et ravage le Sealand dans son ensemble. Selon la presse, en janvier 2007, les autorités annoncent qu’elles quittent le « pays » et qu’elles comptent créer un « gouvernement en exil ».
En janvier 2007, la presse se fait l’écho de la mise en vente de la plate-forme. Dix millions de livres pour 550 m2 habitables, soit un prix de 27 000 euros par m². Le journal français Libération rapporte ces propos du prince en titre, Michael, fils de Roy Bates : « On possède l’île depuis 40 ans, mais maintenant, mon père est âgé de 85 ans, peut-être que le temps est venu d’un rajeunissement ». Et d’insister sur les avantages de l’État : vue panoramique sur la mer, tranquillité totale, absence d’impôt… Aucune précision n’est toutefois apportée sur les changements que cette vente va impliquer sur le régime. Le prince va-t-il laisser sa place au nouveau propriétaire, ou bien règnera-t-il sur les nouveaux citoyens, lesquels détiendront tout le territoire de l’État ?
Quelques jours plus tard The Pirate Bay (qui a déjà soutenu la micronation Ladonia) lance l’initiative BuySealand.com afin de récolter 2 000 000 USD pour acheter la plate-forme. Depuis, et malgré le succès de la collecte de fonds, l’équipe de The Pirate Bay a abandonné cette idée devant le refus du prince Michael qui s’oppose à la vente du territoire à un annuaire de fichiers Torrent, les activités de cette entité «violant les lois sur le copyright» selon lui, ce qu’il ne peut pas tolérer.
Partager :