Une interview menée par David Dufresne (http://www.davduf.net/) de Hervé Le Crosnier, chercheur, éditeur, pionnier numérique, qui a assuré la supervision éditoriale de l’édition française du livre magistral: Aux sources de l’utopie numérique : De la contre-culture à la cyberculture, Stewart Brand, un homme d’influence. Il y est raconté l’histoire même du Net.

Extrait de l’interview:

C’est une somme, sur une sommité. Un ex-hippie, devenu cowboy nomade, converti dans les affaires, la politique ; un homme qui, depuis les années 60, a façonné la contre-pensée américaine et un peu notre vie : Stewart Brand. Voici l’interview fleuve d’Hervé Le Crosnier, chercheur, éditeur, pionnier numérique, qui a assuré la supervision éditoriale de l’édition française.

Toute sa vie, Brand a construit. D’abord, le Whole Earth Catalog, un catalogue de pièces pour Hippies, parution qui va jeter les bases de tous les mythes, ou presque, de l’informatique moderne. Ensuite, le système de conférences électroniques du WELL et ses communautés virtuelles, ancêtres de tout ce que nous vivons aujourd’hui. Puis, Brand sera de l’aventure Wired. Et tentera, en libertarien qu’il est, de jeter d’impossibles ponts entre militaires, futurologues, grosses compagnies pétrolières. Son crédo : la seule révolution laissée par les années 60 fut la plus silencieuse, la moins spectaculaire, sans émeutes ni fleurs aux fusils : « le véritable héritage de la génération des années 60 est la révolution informatique », dira-t-il. Un fou, Fred Turner, s’est mis en tête de raconter la trajectoire du fou Brand. Ça donne ce pavé : Aux sources de l’utopie numérique : De la contre-culture à la cyberculture, Stewart Brand, un homme d’influence. Magistral livre qui, malgré de sérieuses lourdeurs ici ou là, bazarde quelques bons clichés et remet les pendules à l’heure. De sa lecture, on en sort sonné. Par tant de savoirs, de tourbillons, et de contradictions – dans lesquelles nous nous débattons nous-mêmes. C’est le signe des livres forts : agaçant, glaçant, fascinant. Car, comme le dit ici Hervé Le Crosnier, son éditeur, le livre ne saurait se résumer à l’histoire d’ex-hippies convertis à la nouvelle économie. Il est l’histoire même du Net.

Quelle fut ta motivation profonde à publier en Français un tel livre ?
Autrement dit, en quoi le considères-tu éclairant ?

En lisant la version originale, j’ai fait un retour au passé, à ma propre histoire, ma rencontre avec l’informatique des années quatre-vingt, puis de l’internet au début des années quatre-vingt-dix : la contre-culture, la naissance de l’ordinateur personnel, les mythes et les messages sur la liberté numérique « inéluctable », et même la naissance de Wired. Avec ce livre, j’ai beaucoup aimé le fait que l’histoire de la technologie ne se limitait pas à la litanie des inflexions techniques, mais prenait corps dans son époque, s’inscrivait dans un panorama plus grand. Et puis ce personnage extravagant de Stewart Brand, véritable ludion qui accompagne la technologie sans jamais être lui-même un acteur technique, mais un faiseur de mots, un diseur de l’aventure. Fred Turner, en bon sociologue raconte cette histoire en en pointant les contradictions, en éprouvant les discours à la réalité. Le style est parfois lourd, didactique, mais le voyage vaut le détour, car il est complet, approfondi.
Bref, j’ai vraiment eu envie que les lecteurs français puissent aller au delà de la vulgate indéfiniment répétée sur l’histoire de l’internet et le fait que l’information pouvait y être libre. C’est le rôle de passeur d’un éditeur, mais également d’un enseignant et d’un ancien bibliothécaire : donner de la profondeur sans négliger le glamour.

 

suite sur le site :

http://www.davduf.net/stewart-brand-aux-sources-troubles-de-la-belle

Posted by ptreguer

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