DURÉE : 30 min + Pièce suivie d’une table ronde sur Charlotte Delbo et Marceline Loridan-Ivens
FICTION AUTOBIOGRAPHIQUE
« Une Scène jouée dans la mémoire » est une fiction autobiographique posthume de Charlotte Delbo. En mars 1942, elle et son mari Georges Dudach sont arrêtés et incarcérés à la Prison de la Santé. Le 23 mai de la même année, ils se disent adieu avant que celui-ci ne parte se faire fusiller, le jour même, au Mont-Valérien. La pièce met en scène les adieux d’un couple fictif : Paul et Françoise. Un soldat emmène Françoise dans la cellule de son mari. Paul va être fusillé le jour même ; Françoise le sait. S’ensuit alors une conversation dans laquelle chaque mot, chaque geste, chaque regard compte.
« Je vous en supplie, faites quelque chose… Apprenez à marcher et à rire parce que ce serait trop bête que tant soient morts et que vous viviez sans rien faire de votre vie. » Ce sont les derniers mots que nous ayons de la main de Charlotte Delbo, connue pour son sourire, son énergie, sa force et sa bonne humeur. Et le moment paraît tout indiqué pour suivre son conseil. Cette pièce, bouleversante et si peu connue du public, est une invitation à profiter de chaque instant de paix mais aussi à tout faire pour la conserver, coûte que coûte, pour que toutes ces personnes, tous ces résistants, tous ces innocents ne soient pas morts pour rien. Une invitation à se souvenir et à resacraliser la vie, tant qu’on peut. Le liant, le social, c’est ce qui a sauvé Charlotte Delbo pendant ses années de déportation. Et si on l’écoutait, et si on vivait, un peu ? Ensuite, dans cette époque dans laquelle les autrices de théâtre sont payées 38% de moins que leurs homologues masculins et ne représentent qu’un texte sur trois parmi les spectacles programmés et moins encore dans les programmations de scènes nationales (d’après les chiffres du Ministère de la Culture sur l’année 2023), il nous paraît important de rappeler qu’il y a de grandes autrices de théâtre, contemporaines mais aussi classiques, et qu’il ne faut pas perdre ces plumes classiques, qu’elles aussi ont leur place dans les programmes du secondaire et dans la mémoire collective. Charlotte Delbo n’approuverait pas que nous disions cela, elle qui détestait que l’on parle d’elle « en tant qu’auteur femme », rétorquant, non sans un humour singulier, que « le système concentrationnaire garantissait une parfaite égalité entre hommes et femmes ». Même si ce texte n’est évidemment pas, pour nous, « un texte de femme » et qu’il s’agit avant tout d’un texte humain, d’un vécu, d’un parcours de vie, nous sommes tout de même ravis de rééquilibrer un peu les injustices de genre en matière d’écriture de théâtre.
Avec Claire Poirson, Romain Losi, avec la participation de Gérard Linsolas
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