Il faut que le courant passe…
« L’art numérique qui ne serait qu’une économie serait un art moins que moyen pour détourner l’expression de Bourdieu.
L’art numérique qui ne serait qu’immatériel redeviendrait une tentative désespérée pour mimer le concept ou simuler le réel la matière en moins.
L’art numérique qui ne serait qu’interactif ne serait q’un interrupteur de plaisir, un jeu le ludique en moins.
L’art numérique qui ne serait qu’immersif toucherait seulement les sens qui auraient aimé qu’on leur parle.
La plus grande réussite de l’art numérique serait probablement celle qui en tirerait les leçons pour tenter de changer le monde, rien qu’un peu mais à propos, au moins dans les têtes.
Le numérique dans l’art n’est pas un implant binaire et alternatif.
L’art dans le numérique, c’est ce qui reste quand on a coupé le courant. ».
Cette tentative de définition de Maurice Benayoun donne à elle seule la difficulté de tenter de « positionner » l’art et la création numérique dans une société où de plus en plus de choses deviennent, elles-mêmes numériques et génèrent des comportements, des usages liés à son omniprésence.
D’ailleurs, cette seule appellation permet de circonscrire le territoire d’action qui inclue tout autant, vidéo-art, art sur ordinateur, art nouvelles technologies, art médiatique, net art, bio-art. Etre un peu partout deviendrait-il alors synonyme d’être nulle part ?
Cette tentative doit alors s’accompagner d’une nécessaire prise en compte d’une inscription historique, avec les initiateurs « sans le courant », comme Marcel Duchamps ou l’ensemble du mouvement DADA, suivi du courant Bauhaus et les indispensables adeptes du mouvement Fluxus sans omettre Messieurs John Cage et Joseph Beys. Mais cela impose d’inscrire les incontournables visionnaires comme Nicolas Schöffer, Bill Viola, Nam June Paik suivis par les premiers artistes programmeurs comme John Maeda, David Rockeby.
Que dire aujourd’hui de la nébuleuse en perpétuelle extension ,des artistes réels ou auto proclamés, qui utilisent ces outils en constante mutation ? Où se situe le sens et comment le retrouver lorsqu’on est spectateur ou spect’acteur dont la présence est souvent sollicitée, au détriment parfois de l’exercice l’esprit ? Le phénomène gagne du terrain, mais son ubiquité (merci Monsieur K.DICK), ne fait pas sa force. Il se forge à coup de ruptures, mais aussi de continuités dans un flux perpétuel et désormais permanent d’informations structurées/déstructurées.
Un exemple ponctuel mais révélateur, celui du statut de réalisateur et de distributeur de film dans l’univers entier, qui s’offre désormais à tout à chacun, pour le meilleur et pour le pire. Dans l’envie et le besoin d’exprimer quelque chose de personnel, d’intense, ne réside pas la définition d’une démarche artistique mais celui de la star Wharollienne pour au moins 5 minutes dans sa vie.
Il faut penser également à l’évolution , la mutation du boulier numérique. De la taille d’un immeuble pour le projet Manhattan en 1943 et utilisé pour la mise au point de la première bombe atomique (tragique entrée en scène) par les scientifiques américains.
Les ordinateurs et les outils numériques d’aujourd’hui feront sourire nos enfants. Les tours figées des espaces publics numériques, s’effaceront devant les « laptops » liés aux usages nomades qui seront à leur tours remplacés par des périphériques nanotechnologiques dont les téléphone portables (i-pod, i-phone) représentent, d’une certaine façon, les premiers soubresauts.
L’accés au nouvelle technologies doit il se cristalliser uniquement comme un « interrupteur de plaisir », un jeu privé du ludique à l’instar d’un flux télévisuel infini et sans conscience ?
Créer impose de considérer ces choses encore inertes, que sont les ordinateurs, comme un outil, au même titre que le marteau, la machine à laver qui doit son autorisation de fonctionner grâce au doigt, à la main , à l’influx nerveux, aux cerveaux, à l’esprit et la culture de la personne qui décide de l’utiliser. Et à condition aussi d’avoir payé la facture d’électricité.
La création numérique est un art d’hybridation qui semble positionner le corps au centre de son questionnement. Il s’inscrit dans des bouleversements en terme de production, de représentation et de vision du monde. Il tente d’instaurer de nouveaux rapports entre l’art, la culture et la technologie à l’âge des industries numériques mondialisées. Les artistes dans un jeu de détournements ludiques, nous permettent de réfléchir , de réagir, en proposant des alternatives vitales à des pensées de plus en plus uniques. L’artiste propose des enjeux (en-jeux) de pensée, au même titre que le philosophe. Ces instants de mise en distance deviennent indispensables pour ne pas se noyer dans l’instantanéité, piège d’un présent sans passé, ni futur.
Il convient donc ,et de façon urgente, de convoquer et de provoquer les rencontres entre les créateurs (artistes et scientifiques) et les publics. Une œuvre, sans en dévoiler l’intimité, est un outil de pédagogie, de médiation pour qui fait l’effort de la regarder. Le parcours d’un artiste est toujours riche d’enseignement.
Des lieux comme les Espaces Culture Multimédia offrent cette possibilité de contact et de rapprochement. Il suffit, maintenant de faire passer le courant….
l’artiste est devenu manipulateur et na plus besoin d’enseignement a cause de cette technologie
l’art numérique apparait comme une notion anbigue à la croisée de nombreux courant artistiques