Présentation

Le Lieu multiple : un pôle dédié à la création numérique à Poitiers

Historique synthétique

Le Lieu multiple, est le pôle de création numérique de l’Espace Mendès France, centre de culture scientifique situé dans le centre historique de Poitiers : créé en 2000, comme Espace Culture Multimédia, et membre du réseau des E.C.M. (Espace Culture Multimédia) jusqu’en 2008, il devient Lieu multiple, à partir de septembre 2009.

En 2017, il intègre le réseau TRAS (Transversale des réseaux arts et sciences) composé de structures artistiques, culturelles, universitaires et de recherche. Ce choix se justifie par la présence dans la programmation du Lieu multiple de projets impliquant chercheurs, et artistes, ainsi que de sa présence au sein d’un centre de culture scientifique dont la vocation est de croiser régulièrement culture et culture scientifique.

La même année, le pôle participe à la création du PREAC (Pôle de Ressources pour l’Éducation Artistique et Culturelle) « arts, cultures et numériques » et dont les objectifs sont:

  • La formation de formateurs, à destination des publics à la fois de l’éducation et de la culture ;
  • La production de ressources transférables nationalement pour développer des projets d’éducation artistique et culturelle ;
  • L’animation du réseau des acteurs de formations.

Un comité de pilotage permet la réalisation de ses projets. Il est composé du réseau Canopé (Atelier Canopé Poitiers), du Rectorat (DAAC de Poitiers), de la DRAC Nouvelle Aquitaine et de l’équipe du Lieu multiple

Le Lieu multiple développe son action dans le contexte de la culture numérique, de la création sonore et de projets arts et sciences :

a) culture numérique

Une culture numérique  qui se définit par une approche anthropologique où les nouveaux savoirs faire, les usages, les contenus sont influencés par les outils techniques dont font partis ceux du numérique. Ces objets techniques ne se limitent pas qu’à une unique fonction, ils influencent nos imaginaires constitués par un système dynamique fait d’images, de représentations sociales et de grands récits, et doté de sa logique propre. Ces ensembles jouent un rôle important dans nos modes de représentation qui influencent notre vision du monde et notre envie d’être au monde. La culture contribue fortement à ce rôle de construction de nos représentations et le « numérique » influence négativement ou positivement ces ensembles.

Au sein de cette culture de nombreux acteurs font preuve d’une réelle vivacité à la confluence des cultures, des arts, des sciences et de la recherche, des actions sociales, politiques, citoyennes, démontrant , jour après jour, l’existence d’un eco-système dynamique. Celui-ci interroge, dérange et constitue un vecteur d’évolution dans nos sociétés. Des endroits où les outils du développement de l’esprit critique doivent être maintenus, entretenus, et déployés afin de lutter contre toute forme de pensée unique, d’absence ou de contrôle de la pensée. Par la pratique, l’échange des savoirs, la rencontre, il s’agit alors de favoriser une « socialisation positive » de ces outils. Cette socialisation positive doit s’imaginer, se construire, se partager même si le processus doit passer par la controverse, la polémique. Ce parcours permet d’aboutir à une vision démocratique d’une société (du) numérique et si possible à une approche qui autorise un humanisme numérique partagé par tous.

Globalement, la socialisation de ces objets s’inscrit dans un temps plus long que celui de l’innovation. Une appropriation maitrisée nécessite un temps d’apprentissage dans une temporalité qui dépasse souvent largement celle de l’innovation auto-déclarée. Le temps reste une valeur parfois oubliée de cette problématique. Notre expérience quotidienne nous fait nous confronter au sentiment que nous souffrons d’une pénurie de temps.
Cette culture reste encore mal identifiée, voir mal comprise par les institutions de la culture (et en particulier du Ministère de la Culture ou des DRAC), mais elle irrigue l’ensemble des secteurs de la création, de la production, de l’éducation et de la diffusion des savoirs ce qui rend , au final, sa définition plus délicate et son approche largement transversale.

b) création sonore

La création sonore fait partie intégrante de la programmation du Le Multiple. Ce choix se cristallise autour de la question essentielle de la différence entre l’écoute et l’entendre, et donc de la conscientisation de ce processus. Cela peut se faire avec des artistes, mais également des chercheurs, ce qui nous emmène vers le territoire du arts et sciences, et des pédagogues. Ceux-ci peuvent transmettre une connaissance dans ce domaine par l’exemple (écoute d’œuvres) ou par l’acte de création partagé (implication dans un processus de création) et les transformer ainsi en spect’acteurs pour reprendre une formulation définissant un spectateur actif.

De manière initiale, c’est également interroger sa manière d’écouter (naturelle, forcée, sur les rythmes, les mélodies, les fréquences, l’ensemble, le détail, le rôle de l’environnement – son d’une classe, de la cour, de la rue -, acoustique architecturale…) et progressivement améliorer cette qualité d’écoute qui peut s’appliquer ensuite dans notre relation quotidienne avec les autres. Apprendre à écouter, développer cette capacité d’écoute, savoir générer du silence, sentir le moment d’intervention, savoir s’arrêter pour laisser la place à l’autre.

Écouter, c’est décider, là où entendre reste un phénomène biologique inévitable (sauf lorsqu’on est atteint de surdité et implique alors une stratégie différente) et écouter qui relève de la décision, du choix. Comprendre la nuance entre les deux, c’est un parcours de conscientisation qui s’affirme.

c) arts et sciences (et société)

Ces dernières années le Lieu multiple, par sa programmation et par sa présence au sein d’un centre de culture scientifique, a également participé à des projets « arts et sciences ». Ceux-ci interrogent notre représentation du monde par des alliances parfois nécessaires pour arriver à concrétiser ces œuvres. Se profile alors de nouveaux modes de collaboration entre « chercheurs scientifiques » et « chercheurs artistes », basés sur l’ouverture, la mutualisation, l’exigence et le désir de parler un même langage. Ces territoires d’exploration amènent à interroger de manière sensible le monde, ses représentations et ses incertitudes, les sciences et les technologies, les symbolisations et les imaginaires. Une manière positive de dépasser les territoires du numérique (qui passe progressivement du territoire des TIC à celui des NBIC : Nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives) et de faire bouger les lignes dans un parti-pris d’inter et de transdisciplinarité où l’indisciplinaire peut trouver sa (juste) place. Toujours dans un esprit de rigueur et d’exigence.

L’objet de cette approche interdisciplinaire est de :

  • favoriser la rencontre et la collaboration entre artistes et scientifiques,
  • favoriser la recherche, la création, la production, la diffusion d’œuvres associant arts et sciences ainsi que l’action culturelle et éducative associée,*
  • œuvrer à faire reconnaître les spécificités de cette chaîne et sa logique transdisciplinaire, transversale et intermédiale au sein des politiques publiques et dans les différents organismes ou fédérations d’organismes concernés.
  • favoriser les échanges et recherches de méthodes entre ses membres et les différents écosystèmes.
  • contribuer à la collecte et l’organisation des ressources et données générées par l’activité entre arts et sciences.
  • favoriser la rencontre avec les publics, pour faire découvrir, expliquer, échanger autour de ces créations.

Le projet Lieu multiple: une action avec 3 axes principaux :

 -La diffusion de la création sonore hybride et numérique :

Une programmation régulière qui depuis 2008 permet de diffuser des créations sonores (de la musique électronique à l’expérimental) ou numérique (ouverte à l’analogique et l’hybride). Plus de 150 artistes ont pu jouer dans le planétarium de Poitiers. Un lieu d’excellence disposant d’un système son spatialisé unique dans la région Nouvelle-Aquitaine.
La diffusion favorise la rencontre avec les artistes et les œuvres, ouverte à l’ensemble des publics. Le choix de travailler avec des artistes au sein d’un centre de culture scientifique est également une occasion pertinente de montrer « l’art du détournement » qui caractérise ceux-ci.

Comme nous l’avons précisé, les outils numérique ne peuvent limiter une fonction unique. Voir des artistes détourner les usages pensés dans des laboratoires, des centres marketing industriels orientés pour des usages calibrés, permet de proposer un pas de coté salutaire générateur de pensée critique constructive.

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-Accueil de résidences artistiques de création :

De courtes (1 semaine) et moyennes durées (1 mois). Ce travail artistique s’ouvre et se confronte aux publics lors de rencontres spécifiques.
Le principe d’accueil artistique de troupe en résidence est un élément important dans la politique d’aide à la création.
Elle permet de développer le projet artistique orienté création numérique et même de favoriser sa diffusion. Le Lieu multiple dispose de l’infrastructure (salle de 230m2 équipée en fibre optique, informatique , logiciels et vidéoprojecteurs) et des moyens humains (programmeurs, régisseur) nécessaires à cet accueil. Hébergement, prise en charge des repas et une enveloppe financière dédiée à l’emploi complètent ce dispositif.
Ces résidences contribuent à la médiation par des temps de rencontre avec les équipes artistiques. Ces temps de médiation reste proportionnés afin de respecter les enjeux de développement artistique qui caractérisent ces temps de travail.

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– La médiation numérique:

Ces actions encouragent l’accès aux pratiques de la culture numérique et incite les publics à adopter une posture de « spect’acteur » dans un contexte de mixité. Elles offrent un accès à la richesse et au foisonnement des « possibles numériques » pour un public large : elles s’inscrivent dans une volonté de décloisonnement et de transdisciplinarité avec les expressions telles que la musique, création sonore, la danse, le théâtre, le cinéma d’animation…
Des ateliers sont engagés en complémentarité avec l’éducation nationale, le Ministère de la Culture (PEAC), les institutions locales, les réseaux d’éducation populaire. Mais également de manière autonome pour répondre pertinemment à des demandes de terrain.
L’ensemble des publics est concerné. Ainsi des programmes comme « handicap(s) et création numérique » permettent la mise en place de session avec des publics en situation de handicap. Également, « la clique des mamies connectés » permet de travailler avec des femmes de 70 ans, autour d’ateliers de création numérique.

D’une manière plus générale les objectifs de la médiation numérique rejoignent ceux d’une médiation culturelle dont l’objectif est de favoriser pour les participants:

-l’expérience sociale ou celle de la fréquentation.

-l’expérience esthétique ou celle du plaisir.

-l’expérience didactique ou la rencontre avec la connaissance.

-l’expérience symbolique ou celle de l’interprétation et de la représentation.

-l’expérience politique ou celle de l’adhésion et du développement de l’esprit critique.

Dans ce cadre, la présence des artistes, des scientifiques des chercheur sous toutes leurs formes permet d’explorer de manière positive et exigeante l’ensemble de ces expériences.

 

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